Cumhuriyet Fikri ve Felsefe, Cengiz Çakmak,Ertan Kardeş,Arda Telli, Editör, Istanbul University Press, İstanbul, ss.51-85, 2024
Nous constatons dans les théories récentes de la démocratie, - nommément celles d’Etienne Balibar, Catherine Colliot-Thélène, et Şeyla Benhabib, entre autres, qui seront examinées dans cet article - une forte tendance à reconsidérer les droits de l’homme en tant que principes constitutifs de la citoyenneté. On peut constater que ces théories sont marquées par deux sources de référence, l’une relevant de l’histoire, l’autre de la philosophie : elles actualisent une compréhension de l’unité de l’homme et du citoyen dont l’origine remonte à la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » ; et elles réactualisent et réélaborent à la lumière de l’histoire récente des sociétés démocratiques la fameuse expression à travers laquelle la pensée arendtienne formule le droit à la citoyenneté, à savoir « le droit d’avoir des droits ». Dans cet article, je propose de les lire ou de les relire, d’une part, à partir d’une unité – qui n’en est pas moins une réciprocité – qu’elles cherchent à découvrir entre « liberté » et « égalité », qui se présente comme le nœud de l’unité de l’homme et du citoyen et qui s’exprime pleinement dans le concept d’« égaliberté » de Balibar. En ce qui concerne la veine arendtienne, j’essaierai de montrer, d’autre part, comment le droit d’avoir des droits se trouve reconstruit et reformulé chaque fois, selon les prémisses respectives des théories en question, et de remarquer leur noyau commun dans leur refus de consensus, autrement dit dans l’attention portée par elles à ce qu’on peut appeler « l’incertitude » de la démocratie.